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dimanche 11 avril 2010

Frères, 2009


Je commençais à désespérer de me faire brasser et toucher par un film, enfin le réalisateur Jim Sheridan y est parvenu avec ce sensible et sobre ''Frères''. Une brochette de talents déjà solidement avérés, avec des noms comme Gyllenhaal, Portman et Maguire, présageait d'une belle complicité et de solides performances. Si le sujet à déjà, maintes fois, été évoqué par le cinéma américain, une autre incursion dans l'enfer de la guerre et ses effets dévastateurs sur les soldats est toujours nécessaire. Seul bémol en vue, il s'agit d'une relecture d'un film Danois, une manie que je déplore chez les américains de s'approprier les oeuvres pertinentes des autres pour les réadapter à la sauce nord américaine. Comme je n'ai pas vue cette version danoise, j'en ferai abstraction et je donnerai le bénéfice du doute à l'adaptation de Sheridan.


''Frères'' nous raconte la réalité d'une famille américaine dont le père le capitaine Sam Cahill part en mission en Afghanistan, laissant derrière lui sa femme Grace et ses filles Isabelle et Maggie. Toutes trois souffrent de l'absence de l'homme de la maison et attendent avec impatience son retour. Un jour, des soldats viennent annoncer à Grace la mort de son mari. Malgré sa tristesse, elle tente de poursuivre une vie normale, appuyée par le frère de son époux, Tommy. Sam a par contre survécu à l'écrasement de son hélicoptère et est récupéré par des troupes ennemies en plein désert. Pendant qu'il subit d'inimaginables souffrances, sa femme s'attache de plus en plus à Tommy et reprend un rythme de vie plus équilibré. Mais tout bascule lorsqu'on lui apprend que Sam est vivant et qu'il revient à la maison. Heureuse de revoir son mari, elle comprend rapidement que la guerre l'a changé; il est maintenant plus agressif et suscite la peur chez sa famille.


La guerre est tellement encrée dans le paysages américains et depuis tellement longtemps que ce type de films, bien que récurrents, sur le sujet douloureux de la guerre, deviennent nécessaires pour exorciser un mal qui ronge une nation entière et saigne sa jeunesse. Il n'y a qu'à faire un tour de l'autre côté de la frontière pour comprendre à quel point les américains sont patriotiques et appuient leur effort de guerre. Partout, ce n'est que messages d'encouragement aux ''G.I'', drapeaux américains qui flottent, messes en l'honneur des morts au front, etc... L'Afghanistan est un combat qui les dépassent, un combat perdu d'avance qui ne fait que coûter la vie à des jeunes gens, qui pensent défendre leur patrie en portant la guerre dans des contrées lointaines qui vivent dans une réalité qui n'est pas la leur. Ils reviennent comme des zombies rongés par les images d'horreur qui se sont sournoisement imprégnées dans leur subconscient et ce n'est que par le biais de la thérapie et d'un suivi qu'ils réussiront, peut-être, à s'en sortir. Malheureusement, et c'est le cas du capitaine Sam Cahill ( Tobey Maguire), le choc sera trop grand et le retour difficile. Brutal, sera aussi l'impact sur sa famille , qui s'était acclimatée, tant bien que mal, à la perte du père et du mari et avait réussi à retrouver une certaine forme de stabilité grâce à la présence réconfortante du frère de Sam, Tommy ( Jack Gyllenhaal). Les rôles se sont, en quelque sorte, entremêlés pour ces deux frères. Tommy étant le rejet social, source de honte pour un père puritain et dur, et Sam, l'enfant prodigue, qui marche dans les pas du père, lui-même ex-militaire, qui va défendre la juste cause en Afghanistan, un héros modèle. Tommy, pensant son frère mort, décide enfin de prendre ses responsabilités et devient un pilier pour Grace ( Natalie Portman) et ses deux filles qui en viennent à l'aimer comme un père. Tandis que Sam, qui a subi les pires sévices mentaux et physiques aux mains des Talibans, revient du front en perte de repères avec une immense détresse psychologique. Il n'est plus le père aimant pour ses filles et le mari attentionné pour sa femme. Une confrontation est imminente, et elle sera dévastatrice pour sa famille et son frère, qu'il accuse d'avoir pris sa place. Rarement au cinéma, on aura assisté à un drame humain aussi sobre et près de la réalité; des émotions à fleur de peau qui donnent la chair de poule. Ces hommes durs et soucieux des apparences qui se laissent aller à des émotions fragiles et une sensibilité toute humaine. Un retournement de situation où la figure de héros tout puissant perd ses repères et sombre dans la déchéance, et l'autre, une loque humaine, profite malgré lui de cette absence circonstancielle, pour s'affirmer et se découvrir des aptitudes au contact de ces 3 femmes dans le besoin.

Ce film repose évidement sur la qualité de ses acteurs qui remplissent la tâche avec finesse et passion. Tobey Maguire nous montre qu'il sait faire autre chose que jouer les super-héros. Sa métamorphose sera progressive et totale. De bon père de famille responsable et héros de guerre irréprochable, il ira choir à l'autre extrême, dégringolant les échelons progressivement, jusqu'au ''bad trip'' final. Il perd sa contenance et son aplomb tant les souffrances inhumaines qui lui sont imposées par ses geôliers Talibans heurtent sa force d'âme et son corps. Il reviendra métamorphosé d'une guerre qui n'est plus la sienne, avec un corps émacié, des yeux hagards et une sourde rage qui ne demande qu'à exploser. Tout le contraire de son frère, interprété par l'excellent Jack Gyllenhaal, qui représente avec Maguire la nouvelle garde du cinéma américain. Une solide performance, toute en retenue, où seuls les yeux témoignent des bouleversements intérieurs. Natalie Portman joue une mère digne qui doit garder contenance et s'occuper de ses deux jeunes filles, elle est bouleversante d'authenticité. Ici, aucun mélodrame en vue, juste des émotions vraies et normales, comme souvent, en de telles circonstances, le deuil peu prendre du temps à s'installer, passé le choc initial. Une mention spéciale aux deux jeunes actrices: Bailee Madison et Taylor Geare, à qui on a donné des mots d'enfants et des personnalités enfantines normales, ce qui ajoute crédibilité aux dialogues et qui a permis une scène mémorable, où les fillettes confrontent leur père.


Malgré de nombreux films sur les atrocités de la guerre, dont les extraordinaires: ''Deer Hunter'', ''Platoon'' et peut être aussi ''Dans la vallée d'Elah'', on constate que les mentalités ne changent pas vite et que les États-Unis hébergent un peuple guerrier, fier de cette tradition militaire. Des jeunes soldats, mal préparés et endoctrinés, partent semer la mort dans des conflits qu'ils ne comprennent pas, pensant agir pour le bien de leur pays qui n'est aucunement menacé par les peuplades aux moeurs ancestrales d'Afghanistan ou d'Irak. Ce film fera peut-être réagir, et souhaitons que des instances soient mises en place pour le ''débriefing'' des hommes et femmes qui reviennent heurtés et incomplets d'une guerre inutile.


Cinéma Critique donne un Excellent: 8/10

lundi 5 avril 2010

Clones, 2009

Nous voici devant un film de ''fast-food'' cinématographique comme Hollywood les aime : rapide, simplet et payant. Une autre histoire d'avatar de l'homme, cet être humain qui semble se diriger, à toute allure, vers un futur où vivre sa propre vie, en chair et en os, devient obsolète. Le grand écrivain de science-fiction, Isaac Asimov, décrivait déjà ce mode de vie agoraphobe, dans les années 50, avec son excellente saga: ''le cycle des Robots'', qui a inspirée ''I, robot'' (2003), d'Alex Proyas. À l'instar du film de Proyas, ce ''Clones'' de Jonathan Mostow ( terminator 3 ), met en scène des robots, guidés à distance par des humains et non des clones, doubles génétiques en tissus biologiques, le titre en anglais ''Surrogates'' est plus approprié.



''Clones'' est un film de science-fiction, d'après les personnages de la bande-dessinée: ''The Surrogates'' créés par Robert Venditti et Brett Weldele. Dans un futur rapproché, les gens vivent leur vie à distance, dans la sécurité de leur foyer, grâce à des clones robotisés. Représentations idéalisées, réalistes ou fantaisistes d'eux-mêmes. C'est un monde idéal, en apparence, où la peur, la douleur, les activités criminelles et leurs conséquences n'existent pas. Quand le premier meurtre à survenir depuis plusieurs années vient ébranler la paix, l'agent Greer du FBI (Bruce Willis) découvre alors qu'une conspiration se cache derrière le phénomène du clonage et doit donc, au péril de sa vie, abandonner son propre clone afin d'élucider le mystère.



Le sujet est quand même d'actualité, à la vitesse inouïe avec laquelle progresse la technologie en ce 21ème siècle, il semble que les innovations tendent à isoler les êtres humains les uns des autres, tout en les rapprochant, plus que jamais, virtuellement. Je suis friand de science-fiction quand celle-ci reflète un avenir possible et crédible. Ce film, trop court (1h28), manque de développements, peu d'éclaircissements sur les clones robotiques, pas de survol planétaire; est-ce que le tiers-monde a les moyens de se payer ce genre d'innovation? Une réalité unilatérale, qui montre uniquement, encore une fois, le mode de vie de la classe moyenne supérieure américaine d'un côté et les pauvres et crasseux contestataires dans leur ghetto, de l'autre. De nombreuses invraisemblances : le reste de la technologie humaine semble dépassée et figée; comme si elle n'avait pas suivi le même chemin évolutif que ces clones parfaits. Il n'est pas fait mention, non plus, du prix de telles unitées qui devraient être le lot exclusif des très bien nantis. De plus, quel serait donc l'intérêt de posséder un double s'il ne s'acquitte pas de la sale besogne et du travail à notre place? En effet, ces androïdes doivent être contrôlés en tout temps, ce qui ne laisse pas leurs propriétaires libres de faire ce qu'ils veulent! Le film oscille entre l'action et la lenteur mais pas une lenteur introspective du genre ''Blade Runner'', une lenteur ennuyeuse où un couple en perte de vitesse, tente d'éviter la douleur de la perte d'un enfant en se réfugiant dans cette technologie qui les éloignent de la prise de conscience et des remises en question. Une morale prévisible, qui n'émeu qu'à moitié, sur les dangers des dérives scientifiques, qui peuvent nous isoler de notre vraie nature. De toute façon, qui rêverait d'abandonner une merveille absolue comme le corps humain pour revêtir une enveloppe cybernétique, pâle copie de son modèle original? Infirmes et malades peut-être...? Si l'esthétisme du film est réussie et les effets spéciaux à la hauteur, cet univers de demain peine à convaincre de sa crédibilité. À travers une enquête qui ne lève pas et des scènes d'actions mollassonnes, le film de Jonathan Mostow se cherche une identité et nous, une raison de rester accroché.




Bruce Willis est décidément en perte de vitesse et ce film ne l'aidera pas à reprendre de l'altitude. Ce n'est pas les traits lisses et sans émotion de son double robotique qui nous le rendront plus attachant, ni son histoire d'amour pathétique avec sa femme. On aurait voulu des ''flashs-backs'' de sa vie passée qui auraient aidé à la compréhension de son drame conjugal; une mise en contexte et plus d'élaborations sur la perte de son fils. Le bon vieux Bruce: humain, banal et dur à cuire avec une répartie assassine, comme dans ''Die Hard'', nous aurait suffit. Sa femme Maggie (Rosamund Pike) , femme fatale idéalisée et épouse parfaite, grâce à son robot, elle vie coupée de ses émotions, dans un simulacre de réalité en compagnie d'autres clones qui semblent se complaire dans la luxure et l'inaction. Elle fuit sa vraie nature à l'aide de pilules et d'une immersion complète dans sa double vie. Interprétation correcte, qui, à cause du personnage, ne laisse pas grand place aux nuances et au talent de l'acteur. Il en va de même pour les autres : l'agent Peters( Radha Mitchell), le docteur Lionel Canter (James Cromwell) ou encore le chef des anti-clones, le prophète ( Ving Rhames), tous sans profondeur, mal dégrossis, des personnages secondaires sans saveur.




Jonathan Mostow, détenait une matière fascinante pour son film: les questions éthiques inhérentes aux réalités virtuelles, au clonage ou même à la robotique sont nombreuses et riches en débats sulfureux potentiels. Il se contente de livrer un produit moyen, expéditif et linéaire, sans rentrer dans les véritables enjeux qui l'auraient engagés dans un processus de réflexion sans doute trop exigeant et peu commercial. Bref, ''Clones'' est relégué au rang des ''séries b'',vite ingurgitées et digérées et aussitôt oubliées.



Cinéma Critique à longuement réfléchi et hésité entre passable et moyen: un 6/10, un peu sévère!

dimanche 28 mars 2010

La Saga Twilight: Tentation 2009


Il fallait passer par là, malheureusement, la série Twilight connaît un vif succès et quelques fois il faut crever l'abcès et connaître soi-même ce qui émoustille autant les adolescentes pré-pubères. Je m'étais presque pris au jeu du premier opus: une excellente trame sonore, des décors naturels somptueux( l'état de washington) et une histoire pas si mal qui ne tombait pas trop dans l'histoire d'amour mièvre. Le second volet n'a pas les charmes du premier et passé la première surprise, force est de constater que la qualité a chutée d'un cran.


Résumons l'histoire rapidement, pour ceux qui désirent néanmoins se plonger dans l'univers des livres de Stephenie Meyer, ''Success Story'' sans précédent, cette saga à fait vendre 18 millions de copies à présent. Bella Swan (Kristen Stewart) est démolie par le départ abrupt de son amoureux, le vampire Edward Cullen (Robert Pattinson), mais elle retrouvre une raison de vivre grâce à son amitié grandissante pour l'irrésistible Jacob Black (Taylor Lautner). Soudainement, elle est attirée par le monde des loups-garous, ennemis ancestraux des vampires, et donc voit sa loyauté mise à l'épreuve.

Pour moi, le mot vampire évoque un passé trouble de l'Europe de l'est, à l'époque médiévale, dans des châteaux nichés sur des escarpements rocheux imprenables. Dans les forêts sombres des Carpates en Roumanie ou en Transylvanie, où des tyrans sanguinaires comme Vlad Tepes ou Elizabeth Bathory étripaient et faissaient couler le sang à flot. J'ai été initié aux vampires à travers l'oeuvre grandiose de Bram Stoker et son fabuleux Dracula, porté à l'écran par Copolla. Plus récemment, la formidable saga d'Anne Rice: Chroniques des vampires, dont le premier tome immortalisé à l'écran par Tom Cruise et Brad Pitt, Entretien avec un vampire, restera la référence absolue du genre vampire romantique jusqu'à ce moderne et disgracieux Twilight. Bon, j'ai établi mon camp, je fais parti de la veille garde, réfractaire à voir les vampires et autres loups-garous, infester les lycées et cueillir les jeunes filles vierges de leurs amourettes centenaires, ce qui en fait des pédophiles accomplis! Je comprend le procédé de dénuder les torses musclés des gamins loups-garous, pour créer l'émoi des jeunes filles, mais faudrait pas abuser du pain béni. Ces créatures de l'ombre, buveuses de sang, travestis en ''sex-symbol''? Pourquoi pas après tout, mais ça en fait un peu un film de filles. L'histoire d'amour et le triangle amoureux qui s'établit entre Jacob, Bella et Edward emplit l'écran et occulte trop vite la trame principale de l'histoire, la vengeance de la rousse Victoria et la rivalité entre loups-garous et vampires. Les rares scènes d'action: combats entre le clan Cullen ( vampires) et la meute de Sam ( loups-garous) et le face-à-face avec les Volturi, ancestrale et terrifiante famille de vampires qui règnent en quelque sorte sur ceux de leur race depuis Volterra, en Italie, rehaussent le film par des effets spéciaux de qualité et un peu d'action qui n'est pas de trop. Je ne peux pas juger de la qualité des livres qui ont au moins fait apprécier la lecture à des ados( c'est déjà ça!), mais cette adaptation cinématographique de Chris Weitz, s'adresse aux jeunes filles qui rêvent au prince charmant. C'est une idylle, bien impossible, car les gamins de 12 ans et des poussières ont autres chose, heureusement, en tête que de faire la cour à des gamines en pâmoison. Bella, cette cruelle manipulatrice, est un bien triste exemple pour la jeunesse, elle préfère son cadavre blafard et mollasson à cet énergique enfant-loup à la poitrine virile, bien plus apte à la défendre.

Nous voici au coeur de l'épineux problème de ce grand classique des films romantiques: son jeu d'acteur. Minable est un bien grand mot et c'est mesquin pour tout le travail que ces jeunes acteurs ont du déployer pour rendre crédibles des personnages si grandioses. Bella, ce lamantin éperdu d'amour, se noie dans un océan de solitude depuis le départ de son vampire végétarien Edward. Certes, Kristen Stewart à des beaux yeux langoureux, sont-ils fait que pour luire d'un éclat terne et mélancolique? Edward, Robert Pattinson, cet être qui brille comme un diamant ''cheap'' semble possédé qu'un registre: la droiture, la fidélité et la chasteté du preux chevalier servant indéfectible et amoureux, ce qui le rend incommensurablement ennuyeux et prévisible. Jacob Black, Taylor Lautner, le sportif cool du lycée, musclé, mécanicien émérite, défiant et protecteur, il semble être un partit bien plus prometteur pour Bella qui doit choisir entre l'odeur de chien mouillé en rut, ou pas d'odeur du tout et jouer les cathéters vivants, choix déchirant, n'en douté point! Bon, il y a bien cet Aro, chef des Volturi, qui ressemble à Yves P. Pelletier de Rock et Belles Oreilles ou encore cette indécrottable Dakota Fanning qui a, finalement, décidée de vieillir, elle interprète Jane, membre d'une congrégation italienne dédiée à préserver le secret de l'existence des vampires. Ces deux-là rehaussent le jeu, un tantinet, par leurs courtes mais bien intenses présences.










C'est vrai que je ne suis pas le public cible de la saga Twilight, qui est peut-être une excellente série de roman, j'ai quand même le droit de me prononcer sur les qualités et défauts du film. Avant de me lapider sur la place public parce que je dénigre ce qui est intouchable et culte pour une génération d'ado, il faudrait comprendre que j'aime l'univers des vampires et je souffre de voir ce terreau fertile réduit à une banale histoire d'amour adolescente, dans un univers actuel peu crédible. Twilight n'est pas un flop total mais il ne redonne pas ses lettres de noblesse à l'univers fantastique des suceurs de sang.



Cinéma Critique, doit se résoudre à octroyer un maigre: 6/10


samedi 20 mars 2010

J'ai tué ma mère, 2009

J'en avais pas très envie mais après tout ce tapage médiatique et cette quincaillerie de trophées remportés, le film de Xavier Dolan s'est forcé un passage dans mon lecteur dvd. Ce petit gringalet au toupet improbable m'était, je dois le confesser, passablement antipathique. Je ne sais d'ailleurs guère pourquoi, trop de présences sur trop de tribunes à la fois? Il faut quand même admettre qu'un petit québécois d'à peine 19 printemps qui est primé à Cannes, ça pique la curiosité chez nous. Alors notre petit prodige mérite-t-il cette réputation ou est-ce grandement surévalué?

À 17 ans Hubert ( Xavier Dolan), un jeune homme sensible et perturbé, vie une relation trouble avec sa mère Chantale( Anne Dorval), qu'il se plaît à détester. C'est à travers un parcours initiatique qu'il découvrira l'amour( homosexuel), la drogue, le sexe et l'art. Ce petit incompris, en pleine crise d'adolescence , fait une fixation sur son nombril et sur son être, écorchant et méprisant pour la plèbe, qu'il juge trop inculte en général. Sa propre mère est sujette à ses sarcasmes, il la déteste intégralement: ses pulls ringards, sa décoration ''kitch'' et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Il lui reproche tout et rien mais surtout de ne pas avoir d'écoute et d'être une mère indigne et manipulatrice. Hubert aspire néanmoins à retrouver l'amour pour cette femme qu'il aimait jadis et c'est à travers un parcours jalonné de souffrances et de tragédies qu'il renouera des liens ténus avec sa génitrice.


Je m'attendais à être ému, chaviré et malmené par un chef-d'oeuvre sans précédent. Je ne suis qu'un petit critique amateur et je n'est pas la prétention de connaître grand-chose de l'histoire du cinéma. Cependant, quand je vois un film, je donne un avis personnel aucunement influencé par la tendance générale et plus souvent qu'autrement mon avis reflète celui de la majorité. Alors ne nous leurrons pas: ''J'ai tué ma mère'' est un petit film tourné avec talent et conviction, touchant et drôle par moment, contenant quelques maladresses et longueurs mais aucun coup de génie à l'horizon. Soit les bonzes du festival de Cannes avait un quota de films québécois à encenser ou ils ont vu des seconds degrés et allusions que mon pauvre cerveau n'a pu identifier. Certes, Dolan connaît quelques techniques de caméra: des plans rapprochés, cadrages décentrés, ralentis et noir et blanc nous plongent dans l'intimité, voir même la promiscuité des personnages. L'union d'Hubert et sa mère provoque des tempêtes électriques et les prises de vues deviennent houleuses comme une mer en furie. Par contre, chez son amant Antonin ou lorsqu'il se réfugie au domicile de sa professeur, tout est bien cadré et zen par opposition, comme s'il avait trouvé un havre de paix. Quelques moments de pur bonheur: l'excellente scène de ''dripping''( technique de peinture) appuyée d'une musique électro-rock très agressive du groupe ''Vive la fête'', reste dans la tête, tant son imagerie est puissante. Des instants de ravissement: course dans les bois au ralentit, comme un songe, déclaration d'amour subjuguée par la prise de drogues et merveilleuses retrouvailles finales, parmi les oies, où l'enfant retrouve sa mère. Par contre, la préciosité d'Hubert, d'une sensibilité artistique exacerbée à outrance, qui ne jure que par la contre-culture et ses états d'âme digne d'une diva au bord de l'implosion émotive, finissent par user les nerfs. On voudrait corriger ce sale petit maelström de frustration matricide qui hait et crache hargne et fiel sur tout ce qui n'est pas comme lui. Tout le monde y passe: les idiots congénitaux et ''rednecks'' de son école, sa mère sans intelligence émotive, apparemment, et une société pas assez bien pour ce petit prince du bon goût, qui dicte qui doit vivre ou mourir. Ses puissants et répétitifs coups de gueule et salves assassines, à l'encontre de sa pauvre mère, qui se réfugie dans son petit monde confortable, nous le rende vite insupportable et on comprend aisément que Chantale sa mère est du mal à communiquer avec cette bombe à retardement. On nous laisse sans explications sur les causes du drame, sinon que le père absent a cruellement manqué à Hubert, rien sur le passé de la mère et peu de mises en contexte. Les dialogues sont impressionnants et bien écrits, certains font sourire et font du bien, d'autres nous font détester Hubert encore plus. Le tout fait penser à un autoportrait de Xavier Dolan lui-même, qui avouons-le, ne c'est pas donné le bon rôle, rien pour nous tirer les larmes, ça c'est certain! Je trouve que le film bascule un peu trop vers le sujet de l'homosexualité qui a déjà une tribune plus que privilégiée au Québec, je n'est absolument rien contre les homosexuels mais d'assister à de longs ébats langoureux entre hommes crée un certain malaise. Que Hubert soit homosexuel, soit, est-ce qu'on peut respecter la trame principale, une mère et son fils, et pas trop dériver et s'égarer vers autre chose, la fameuse scène où il mange une raclée tombe comme un cheveux sur la soupe.




La force du film repose sur l'excellence, voir le génie, de ses acteurs. Anne Dorval est parfaite, comme d'habitude, en mère indigne ou injustement dénigrée. Ce petit bout de femme est d'un rare talent, pour faire rire c'est indéniable (Le coeur a ses raisons, Les parents) et maintenant pour émouvoir. Tout le monde se souviendra de son mémorable coup de gueule à l'encontre du directeur du pensionnat, véritable cri du coeur d'une mère exténuée, qui m'a fait battre des mains de plaisir! Ça fait du bien et ça évacue, telle une soupape, le méchant accumulé depuis le début du film. Les dialogues sont, force est de le reconnaître, excellents et savoureux, c'est un réel plaisir pervers que de voir cette mère monoparentale et son fils se déchirer dans des dialogues de sourds, d'une méchanceté gratuite et expiatoire. Quand à Dolan, il donne une réplique canon, c'est la force motrice du film, son axe central et son sujet absolu. Il passe par toute la gamme des émotions: tantôt triste et prostré, fou de rage, méchant et immonde, on ne peut lui reprocher grand chose sur ses prouesses d'acteur, si ce n'est son manque d'humour et d'autodérision. Le reste des acteurs, ces ''faire-valoir'' sans saveur, ont été évacués pour faire place à la mère et au fils. Julie, l'enseignante( Suzanne clément ), semble éprise de Hubert, elle lui témoigne attention et réconfort et lui offre même asile chez elle, risquant de perdre son emploi. Un petit rôle qui ne fait pas avancer grand chose. Le petit ami, Antonin(François Arnaud), plus beau que bon et son incrédible mère Patricia ( Hélène Rimbaud) , cette libertine débauchée, aux moeurs irréalistes, complètent un tableau d'acteurs satellites, plus accessoires au scénario que partie prenante.


Xavier Dolan, né Dolan-Tadros en 1989 à Montréal, est le fils de Manuel Tadros( Omerta), il débute sa carrière très jeune, dans des publicités pour les pharmacies Jean-Coutu, tout d'abord, puis à la télévision et au cinéma. Il a notamment joué dans ''Martyrs'' de Pascal Laugier en 2007 ou dix ans avant dans ''J'en Suis'' de Claude Fournier. ''J'ai tué ma mère'' est son premier long-métrage et a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du Festival de Cannes 2009. Il y gagne trois prix : le prix Art et Essai, le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques( pour le scénario) et le prix Regards jeunes pour les longs métrages. Xavier a écrit le scénario de ''J'ai tué ma mère'' à 17 ans. Il a investi toutes ses économies dans la structure financière du film et recruté lui-même les comédiens. Je lui souhaite bien du succès dans le futur, car il semble très prometteur!

Cinéma Critique trouve que c'est un Bon film sans plus: 7/10


dimanche 14 mars 2010

Alice au Pays des Merveilles, 2010

Alice au Pays des Merveilles, enfin quelqu'un s'est décidé à dépoussiérer cette fable envoûtante qui à bercée ma jeunesse! Que ce soit à travers des livres de Charles Lutwidge Dodgson ( Lewis Carroll, son pseudo), ou du magnifique dessin animé d'animation nippo-allemand de 52 épisodes diffusé à radio-canada, le pays des merveilles a toujours été pour moi un sacré échappatoire. Malgré tout, un jour, il faut arrêter de faire l'autruche, la tête dans un terrier de lapin et affronter la dure réalité. Est-ce que le maestro Burton est parvenu à faire revivre toute la magie de cet univers de cinglé? En tout cas, il est venu bien près de faire un petit chef-d'oeuvre mais sa vision personnelle manque cruellement de champignons magiques!



Nous voici en face d'une adaptation libre, qui respecte l'imagerie des deux livres de Carroll soit: ''Alice au pays des merveilles'' et ''De l'autre côté du miroir'', parus vers 1865. Évidement, le conte a subit une légère cure de jeunesse, bien que pour l'époque ces livres étaient assez contestataires et osés, en ce sens qu'ils étaient dénonciateurs d'une Angleterre extrêmement rigide et puritaine. C'est l'une des histoires pour enfants les plus appréciées et lues de tout les temps. Maintenant âgée de 19 ans, Alice (Mia Wasikowska) retourne dans l'univers saugrenu du pays des merveilles, pays dont elle avait fait la découverte lorsqu'elle n'était encore qu'une fillette et retrouve ainsi ses amis d'enfance: le Lapin Blanc, Tweedledee et Tweedledum, le Loir, la Chenille, le Chat de Cheshire et bien entendu, le Chapelier Fou (Johnny Depp). Elle se lance alors dans une incroyable aventure à la recherche de sa véritable destinée et dans le but aussi de mettre fin, une fois pour toute, au règne de terreur de la Reine de Coeur.


Tim Burton est le pape gothique et macabre d'hollywood, son oeuvre est marquante et inoubliable, son génie est incontestable mais sied-il vraiment à un univers coloré et onirique qui est fait pour émerveiller et dérouter. C'est contestable, oui parce que cette histoire, sans queue ni tête, régit par la loi de l'absurde, convient parfaitement à la direction du réalisateur de ''Beetlejuice''. Il a un don pour inventer des personnages marginaux et complexes, il manie le fantastique et flirte avec l'horreur, sans jamais tombé dans l'outrancier et garde toujours une petite touche comique et cynique, qui sont devenue sa marque de commerce. Cependant, Alice est un conte pour enfants, grands et petits, qui doit susciter l'émerveillement et dépayser, maître burton, plus proche d'un Edgar Allan Poe que d'un Disney, nous dépeint un tableau dans des teintes sombres et un peu fades. ''Wonderland'' est devenu ''Underland'', et la petite Alice retrouve son monde imaginaire ravagé et désertique, comme après une guerre foudroyante, la magie et la beauté persiste mais on sent qu'un drame les a atténuées. Décidément, la 3d n'a pas fini de faire parler d'elle, depuis la folie ''Avatar'' le monde du divertissement a changé et le fait d'offrir un film avec ou sans la 3d, influence l'audimat. Cette fois-ci, laissez donc vos lunettes au vestiaire. Tim Burton n'a pas suivi les conseils du pédant monsieur Cameron, il en a fait qu'à sa tête et à tourné son film de façon conventionnelle, rajoutant les effets tridimensionnels par la suite. Le résultat est peu concluant, dès les premières scènes du film, on a une impression de décors en carton, de personnages en surimpression sur un fond unidimensionnel. Certains effets cartonnent plus, comme le sympathique chat de Cheshire qui s'étire, disparaît et flotte littéralement sous nos yeux. Oublions le 3d et revenons à notre bon vieux cinéma bidimensionnel. Si l'esthétisme du film est presque impeccable, les effets d'ordinateur, eux, se font parfois un peut trop sentir. Depuis qu'on l'utilise, l'image de synthèse, meuble 80% de ce genre de films, comme si les décors naturels et les maquettes étaient d'une époque révolue. Malgré tout, avouons qu'aujourd'hui, grâce à cette technologie, on arrive à représenter des univers extraordinaires ce qui était impossible autrefois. On a qu'à penser au ''Seigneur des anneaux'' ou ''Harry Potter''. Le scénario, signé Linda Woolverton ( la Belle et la Bête, Mulan, le Roi Lion ), implique le concept de lutte du bien contre le mal, reine rouge( mal) reine blanche ( bien). Un idéal typipe aux oeuvres de Disney mais étrangé à l'univers de Carroll. Dans les romans, notre héroïne vit des aventures étranges et féeriques mais ne courent jamais de dangers physiques, ni n'a de quêtes linéaires à remplir, puisque ce monde n'a pas de lois ni de buts en soi. Cette adaptation dénature la création originale qui devient plus proche des ''Chroniques de Narnia'' où dès son arrivé au pays des merveilles, Alice se voit confier une quête urgente et doit triompher de la méchante reine de coeur. Serait-elle tombée dans le mauvais trou? On sent que Burton s'est censuré et semble se dégonfler pour respecter les standards de Walt Disney et plaire au grand public et aux jeunes enfants. Reste que c'est diablement divertissant et épique, même s'il manque une touche d'âme et de personnalité qui en aurait fait un chef-d'oeuvre.

Les acteurs se sont littéralement appropriés le film, on sent une implication personnelle hors du commun. Johnny Depp et Helena Bonham Carter ( épouse de Burton), respectivement en Chapelier fou et Reine de coeur, nous prouvent qu'ils étaient fans des romans de Lewis Carroll et c'est un vibrant hommage qu'il nous livrent par le biais de prestations décoiffantes. Mention spéciale à Bonham Carter, une reine de coeur absolument comique, redoutable et à la fois pathétique, aidée par un maquillage et des effets spéciaux habiles,ont lui à confectionné une tête énorme de circonstances. Johnny Depp donne dans la démesure, méconnaissable sous un déguisement qui rappelle Willy Wonka de ''Charlie et la chocolaterie'' ( de Burton). Ses grands yeux, l'un dilaté et l'autre non, qui font miroiter une folie manifeste, fou comme un chapelier disait-on autrefois. Ces deux personnages rendent justice au monde éclaté de ''Wonderland'', excentriques et attachants, leur folie est contagieuse. On ne peut pas en dire autant de la Reine Blanche ( Anne Hathaway ), fade et insipide comme sa tenue blanc immaculée. Alice (Mia Wasikowska) nous livre une prestation correcte mais son personnage semble rigide et sans profondeur, peu encline à rêver et rire, c'est une fonceuse, peu attachante. On remarquera le valet de coeur, interprété par Crispin Glover , juché sur des échasses, (son personnage à une physionomie pour le moins élancée) qui donne une excellente réplique à madame Burton. Tout le bestiaire, ou presque, il manque Humpty Dumpty, y passe: le Lapin Blanc ( pas assez exploité) , Tweedledee et Tweedledum (pas très drôle), le Loir (réussi), la Chenille( bâclée, pour un personnage si important!), le Chat de Cheshire (suave). Les interprétations sont très inégales et l'humour presque absent. J'ai trouvé le ton des voix bizarrement monocordes, sans intonations, toujours débité avec douceur et nonchalance, peut-être est-ce la version française?

Alice aux pays des merveilles est quand même un bon divertissement au visuel somptueux, bien que trop glauque par moment. Tim Burton signe encore une fois une oeuvre mémorable, on est loin de ses belles années qui ont vu naître les excellents ''Ed Wood'' et ''Edward aux mains d'argent'', mais son cinéma est au-dessus de la norme et reste rafraîchissant. Cet ''Alice aux Pays des Merveilles'', aurait pu être plus décapant et les dialogues plus tordus et jouissifs, malgré tout c'est la meilleure adaptation en date de l'oeuvre de Carroll.


Tout de même excellent! Cinéma Critique lui donne un 8/10 mérité!


dimanche 7 mars 2010

5150 rue des Ormes, 2009


Bon, me voici encore devant un thriller aux relents horrifiques. Un style qui devient, j'en convient, peu à peu, ma marque de commerce. Je promets d'écouter autre chose que des films de suspense dans un avenir rapproché. D'autant plus que celui-ci, décevant, ne vivra pas longtemps dans ma mémoire. Pourtant, la curiosité de voir une adaptation d'un roman de Patrick Sénécal, porté à l'écran dans une production ''made in Québec'', m'emplissait d'espoir et d'optimisme. Surtout avec l'excellent Marc-André Grondin et l'inquiétant Normand D'Amour au casting, ça promettait d'être une sacré virée en enfer!


5150 rue des Ormes, réalisé par Éric Tessier ( Sur le Seuil ), qui renoue encore avec l'oeuvre écrite de Sénécal. Cette fois c'est l'histoire de Yannick Bérubé ( Grondin), a vingt-trois ans, il étudie en cinéma et mène une vie pleine de promesses. Son malheur débute par une banale chute à bicyclette, devant le 5150 rue des Ormes où il demande de l'aide à un chauffeur de taxi, Jacques Beaulieu( D'Amour). Son univers bascule rapidement dans l'horreur, car suite à une découverte fortuite et incriminante pour la famille Beaulieu, Yannick sera séquestré de force. Or cette famille n'est pas banale , le père est un psychopathe qui ne jure que par le jeu d'échec et qui se prend pour le dernier des Justes ; Michelle (Mylène St-Sauveur) , l'adolescente, semble encore plus dangereuse que son père ; Maude (Sonia Vachon) , l'épouse et la mère, éprise de religion et soumise aveuglément à son mari. Quant à la petite Anne, elle est muette et ses grands yeux immobiles ressemblent à des puits de néant... Pour Yannick Bérubé, l'enjeu est simple: il doit s'évader à tout prix de cette maison de fous, sinon, il va y laisser sa peau...ou sa raison.



Comme je n'est pas lu le livre, je ne peux pas me prononcer sur sa valeur. Je ne ferais donc aucuns rapprochements entre les deux oeuvres, même si je perçois que sous forme de roman, cette histoire aurait plus d'impact. Pour un film qui se base sur la tension psychologique, l'effroi et l'appréhension quand au sort réservé au séquestré, je crois que Tessier maîtrise mal les techniques de ce genre cinématographique. Le babillage incessant de ce film trop bavard, réussit à étouffer toute peur et angoisse, déconnectant la tension chaque fois qu'elle tenait presque le spectateur. Pour une famille de psychopathes, les Beaulieu sont plutôt charitables , la mère est douce et aimante, la petite fille Anne est innocente et inoffensive. Reste le père et l'adolescente Michelle, qui sont capables du pire mais semblent néanmoins presque normaux, hormis leurs crimes. Dès le départ, ils font comprendre trop clairement à Yannick Bérubé qu'il ne lui veulent aucun mal et qu'il n'est qu'arrivé au mauvais endroit au mauvais moment. Cet aveux ainsi que la douceur avec laquelle il est traité par la famille, sauf peut-être Michelle, qui lui en fait baver un peut plus, fait retomber vite le stress de la situation qui devient, faute d'être dangereuse dans l'immédiat, plutôt ennuyeuse. Trop d'explications et trop vite filtrent au prisonnier, qui ne subit que peu de sévices et est convié à partager les repas de cette famille, dont il devient plus l'invité gênant que le kidnappé . On remarque aussi le peu d'efforts et la mollesse de Bérubé dans ses piètres et pathétiques tentatives d'évasion. Trop souvent les barreaux de sa cage s'entrouvrent sans qu'il ne tente quoi que soit. Le film de Tessier dérive vers le drame psychologique, puisque le personnage interprété par Grondin sombre dans une folie compulsive à une vitesse difficile à justifier par un petit huis clos de quelques mois, on a peine à le reconnaître. Encore là, il y a exagération quand à son état mental , étrange suite à une si courte incarcération et des contacts sociaux constant avec la famille. 5150 rue des Ormes aurait été mieux servit en dévoilant moins rapidement ses cartes, par plus de mystères, des sons étranges et inquiétants parvenant aux oreilles de Yannick au lieu de contact franc et direct avec son geôlier. La fin s'emmêle dans des invraisemblances et facilités de scénario qui ne correspondent pas à la logique de l'état d'esprit des personnages, c'est ''too much'' et très improbable.

Je pense que Normand D'Amour aurait pu en faire plus, conte tenu de son grand talent, il semble juste bizarre et obsessif , on le voit tuer mais il n'inspire que peu la crainte et la folie. La nature calme de son personnage et les relations qu'il entretient avec sa famille et son prisonnier contraste avec l'horreur absolue et glauque qui se tapit dans son sous-sol. Là le film parvient à choquer, c'est cru et digne d'un ''Seven''. Marc-André Grondin est assez faible, il en fait trop pour illustrer la détresse psychologique, essayant à tout prix de prouver son potentiel d'acteur, il surjoue et retire de la crédibilité à son personnage. Je n'est ressenti ni effroi ni sympathie pour son malheur, tant j'ai eu du mal à admettre son état psychologique. Son évolution se détériore trop vite, si bien qu'on se demande s'il n'avait pas déjà une pathologie latente. Son personnage est mal définit et mal compris par Grondin, qui peine à rendre crédible l'affrontement finale avec Beaulieu. J'ai du mal à me le figurer , je doute grandement que j'agirais comme lui, à sa place, c'est peu crédible et interprété avec excès et manque de retenue. Quant àMylène St-Sauveur , elle ne dégage pas grand chose, si ce n'est une légère pointe de sensualité. Son interprétation est improbable, ses motivations illogiques et tirées par les cheveux. Elle parais trop normale: elle va à l'école, elle à des amies, un chum et semble bien trop banale pour jouer les justicières tueuses en série. Surtout quand on considère l'horreur que son père bien aimé, fomente au sous-sol. Sonia Vachon est correcte dans le rôle qu'on lui à octroyé, elle se cantonne bien dans la naïveté et la soumission, son interprétation aurait gagnée à être plus développée. Je l'aurais préféré en digne émule de Katie Bates dans ''Misery'', où ses abords de gentillesse et de dévotion auraient pu cacher un intérieur sombre et torturé, dommage mais ce n'était pas dans le livre.


Tout ce talent potentiel, gaspillé par une faible direction, un scénario qui ne tient pas la route et qui donne au final un thriller franchement dégonflé. Le rythme est lent et on sent qu'on cherche à étiré une sauce finalement pas très épicée. Même la fin, trop ouverte et incohérente, déçoit. J'ai quand même écouté jusqu'au bout, j'ai été surpris par quelques revirements et je trouve l'ensemble assez sympathique. Normand D'Amour est un acteur de talent qui se révèle de plus en plus au Québec et Grondin n'est pas mauvais, on va lui donner le bénéfice du doute, après l'excellent ''C.R.A.Z.Y''. J'espère que les ''7 jours du talion'', la prochaine adaptation d'un livre de Patrick Sénécal, sera plus concluante.




Une Note de passage de Cinéma Critique: 6/10





dimanche 28 février 2010

The Box 2009, critique

Voilà un petit film qui m'a agréablement surpris, quelques fois, c'est dans les petites boites qu'on trouve les meilleurs ingrédients. Malgré la présence de Cameron Diaz, qui ne trône pas particulièrement dans mon palmarès d'actrices favorites, ce film en apparence anodin à beaucoup à offrir. Un univers extrêmement étrange et disjoncté, à la frontière entre la science- fiction et le thriller, qui rappelle un peu l'univers de Lynch ou de Cronenberg.


la boite maléfique...

Le scénario, assez simpliste, tiré d'une nouvelle de Richard Matheson (I Am Legend), et porté à l'écran par le très éclectique Richard Kelly, à qui l'on doit le mémorable ''Donnie Darko'', son chef-d'oeuvre à ce jour. Une femme et son époux découvrent une mystérieuse boîte déposée un matin devant leur domicile par un homme énigmatique. Ce dernier révèle qu'en appuyant sur le bouton rouge de la boîte, ils recevront un million de dollars mais que cela entraînera la mort d'un inconnu dans le monde. Face à un dilemme moral important mais en proie à des difficultés financières, le couple décide, malgré tout, d'appuyer sur le bouton fatidique. Déclenchant, par ce geste cupide, une véritable boite de pandore qui les mènera vers un univers délirant où la réalité s'enfonce dans une dimension singulière.

En grande délibération...

The Box possède une esthétique à l'ancienne, très ''old school'', qui n'est pas sans rappeler ''The stepford wifes''. L'action se déroule dans les années 70, dans une petite banlieue cossue où le parfait petit couple modèle : papa futur astronaute et maman institutrice, tentent, tant bien que mal, d'offrir ce qu'il y a de mieux à son enfant. Seulement, tout ce gâte, la carrière à la Nasa bat de l'aile et maman est ridiculisée à l'école par un étudiant qui se moque d'une infirmité à son pied gauche, suite à un accident . Des déboires, plus pathétiques qu'aliénants, poussent le couple, vers l'appât d'un gain facile, même si ça implique un acte abjecte et immoral. Après tout, cette boite n'est peut-être qu'une arnaque et l'étrange gentlemen qui leur à fait cette proposition diabolique, les assure qu'aucune personne de leur entourage ne sera impliquée. Ce couple en apparence modèle et heureux, cache peut être les graines d'une engeance plus pourrie qu'il ne parait aux premiers abords. Richard Kelly aurait pu jouer la carte du dilemme moral et simplement exploiter cet aspect, mais il choisit de nous entraîner sur des sentiers dérapants où la réalité disparaît dans une dimension parallèle où se côtoient philosophie et théologie. Le bouton, une fois poussé, amorce un film décapant et franchement flippant qui éclate en une série d'évènements impliquant: les services secrets, la Nasa, la foudre et d'étranges individus qui semblent hypnotisés et contrôlés par une puissance mystérieuse. On nage en plein ''Twiligt zone'', si bien que vers la moitié du film les plus perspicaces, eux mêmes, seront confondus. Des pistes disparaissent dans toutes les directions et la plausibilité des évènements s'estompe. On pourra, dès lors, départager deux camps de spectateurs: les cartésiens, qui plieront bagages et décamperont et les adeptes du mystérieux et de l'ésotérisme, dont l'imagination, si elle est fertile, sera choyée.

Arlington Stewart

Si Cameron Diaz n'est pas tout à fait ce que je pourrais appeler une actrice accomplie, force est d'admettre qu'elle livre un jeu juste et convaincant, peut être son meilleur rôle depuis '' Being John Malkovich''. Son mari, Arthur Lewis ( James Marsden ), n'obtiendra aucunes récompenses pour ce rôle, somme toute banal. Une performance honnête, pour un personnage moins élaboré, qui se situe dans l'action plus que dans les dialogues. En revanche, l'incroyable Frank Langella, insuffle à son personnage , Arlington Steward, cet étrange homme en noir, incarnation machiavélique du diable en personne, ou autre chose de plus inquiétant encore, une force tranquille et une assurance toute surnaturelle. Avec son visage ravagé par dieu sait quel accident atroce, glace le sang à chacune de ses apparitions.












Une mystérieuse installation?..la N.S.A!?

Une surprise très agréable, pour un petit film mal aimé de la critique populaire, mais encensé par une certaine presse, ouverte aux films moins conventionnels. Richard Kelly, après un ''Southland Tales '' bizarre et disparate renoue avec le succès de Donnie Darko. Ce '' The Box'' que je me serais attendu à balayer dans le ''no man land'' des films sans lendemain, a exacerbé ma curiosité et m'a gardé captif jusqu'à la toute fin, sur le bout de mon siège. Par contre, Kelly aurait gagné de l'audience et aurait bénéficié d'une meilleure réception si son film avait gardé une plus grande simplicité. The Box s'égare dans tous les sens, il fourmille de questionnements et de pistes qui ne trouvent pas de réponses et c'est là, la seule déception qui me vient en tête, suite au visionnement. Donnez une chance à ce film en apparence anodin et ouvrez cette boite incongrue qui mène à un univers surprenant!


Cameron traquée...

Note finale de Cinéma Critique, un bon 7/10