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samedi 20 mars 2010

J'ai tué ma mère, 2009

J'en avais pas très envie mais après tout ce tapage médiatique et cette quincaillerie de trophées remportés, le film de Xavier Dolan s'est forcé un passage dans mon lecteur dvd. Ce petit gringalet au toupet improbable m'était, je dois le confesser, passablement antipathique. Je ne sais d'ailleurs guère pourquoi, trop de présences sur trop de tribunes à la fois? Il faut quand même admettre qu'un petit québécois d'à peine 19 printemps qui est primé à Cannes, ça pique la curiosité chez nous. Alors notre petit prodige mérite-t-il cette réputation ou est-ce grandement surévalué?

À 17 ans Hubert ( Xavier Dolan), un jeune homme sensible et perturbé, vie une relation trouble avec sa mère Chantale( Anne Dorval), qu'il se plaît à détester. C'est à travers un parcours initiatique qu'il découvrira l'amour( homosexuel), la drogue, le sexe et l'art. Ce petit incompris, en pleine crise d'adolescence , fait une fixation sur son nombril et sur son être, écorchant et méprisant pour la plèbe, qu'il juge trop inculte en général. Sa propre mère est sujette à ses sarcasmes, il la déteste intégralement: ses pulls ringards, sa décoration ''kitch'' et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Il lui reproche tout et rien mais surtout de ne pas avoir d'écoute et d'être une mère indigne et manipulatrice. Hubert aspire néanmoins à retrouver l'amour pour cette femme qu'il aimait jadis et c'est à travers un parcours jalonné de souffrances et de tragédies qu'il renouera des liens ténus avec sa génitrice.


Je m'attendais à être ému, chaviré et malmené par un chef-d'oeuvre sans précédent. Je ne suis qu'un petit critique amateur et je n'est pas la prétention de connaître grand-chose de l'histoire du cinéma. Cependant, quand je vois un film, je donne un avis personnel aucunement influencé par la tendance générale et plus souvent qu'autrement mon avis reflète celui de la majorité. Alors ne nous leurrons pas: ''J'ai tué ma mère'' est un petit film tourné avec talent et conviction, touchant et drôle par moment, contenant quelques maladresses et longueurs mais aucun coup de génie à l'horizon. Soit les bonzes du festival de Cannes avait un quota de films québécois à encenser ou ils ont vu des seconds degrés et allusions que mon pauvre cerveau n'a pu identifier. Certes, Dolan connaît quelques techniques de caméra: des plans rapprochés, cadrages décentrés, ralentis et noir et blanc nous plongent dans l'intimité, voir même la promiscuité des personnages. L'union d'Hubert et sa mère provoque des tempêtes électriques et les prises de vues deviennent houleuses comme une mer en furie. Par contre, chez son amant Antonin ou lorsqu'il se réfugie au domicile de sa professeur, tout est bien cadré et zen par opposition, comme s'il avait trouvé un havre de paix. Quelques moments de pur bonheur: l'excellente scène de ''dripping''( technique de peinture) appuyée d'une musique électro-rock très agressive du groupe ''Vive la fête'', reste dans la tête, tant son imagerie est puissante. Des instants de ravissement: course dans les bois au ralentit, comme un songe, déclaration d'amour subjuguée par la prise de drogues et merveilleuses retrouvailles finales, parmi les oies, où l'enfant retrouve sa mère. Par contre, la préciosité d'Hubert, d'une sensibilité artistique exacerbée à outrance, qui ne jure que par la contre-culture et ses états d'âme digne d'une diva au bord de l'implosion émotive, finissent par user les nerfs. On voudrait corriger ce sale petit maelström de frustration matricide qui hait et crache hargne et fiel sur tout ce qui n'est pas comme lui. Tout le monde y passe: les idiots congénitaux et ''rednecks'' de son école, sa mère sans intelligence émotive, apparemment, et une société pas assez bien pour ce petit prince du bon goût, qui dicte qui doit vivre ou mourir. Ses puissants et répétitifs coups de gueule et salves assassines, à l'encontre de sa pauvre mère, qui se réfugie dans son petit monde confortable, nous le rende vite insupportable et on comprend aisément que Chantale sa mère est du mal à communiquer avec cette bombe à retardement. On nous laisse sans explications sur les causes du drame, sinon que le père absent a cruellement manqué à Hubert, rien sur le passé de la mère et peu de mises en contexte. Les dialogues sont impressionnants et bien écrits, certains font sourire et font du bien, d'autres nous font détester Hubert encore plus. Le tout fait penser à un autoportrait de Xavier Dolan lui-même, qui avouons-le, ne c'est pas donné le bon rôle, rien pour nous tirer les larmes, ça c'est certain! Je trouve que le film bascule un peu trop vers le sujet de l'homosexualité qui a déjà une tribune plus que privilégiée au Québec, je n'est absolument rien contre les homosexuels mais d'assister à de longs ébats langoureux entre hommes crée un certain malaise. Que Hubert soit homosexuel, soit, est-ce qu'on peut respecter la trame principale, une mère et son fils, et pas trop dériver et s'égarer vers autre chose, la fameuse scène où il mange une raclée tombe comme un cheveux sur la soupe.




La force du film repose sur l'excellence, voir le génie, de ses acteurs. Anne Dorval est parfaite, comme d'habitude, en mère indigne ou injustement dénigrée. Ce petit bout de femme est d'un rare talent, pour faire rire c'est indéniable (Le coeur a ses raisons, Les parents) et maintenant pour émouvoir. Tout le monde se souviendra de son mémorable coup de gueule à l'encontre du directeur du pensionnat, véritable cri du coeur d'une mère exténuée, qui m'a fait battre des mains de plaisir! Ça fait du bien et ça évacue, telle une soupape, le méchant accumulé depuis le début du film. Les dialogues sont, force est de le reconnaître, excellents et savoureux, c'est un réel plaisir pervers que de voir cette mère monoparentale et son fils se déchirer dans des dialogues de sourds, d'une méchanceté gratuite et expiatoire. Quand à Dolan, il donne une réplique canon, c'est la force motrice du film, son axe central et son sujet absolu. Il passe par toute la gamme des émotions: tantôt triste et prostré, fou de rage, méchant et immonde, on ne peut lui reprocher grand chose sur ses prouesses d'acteur, si ce n'est son manque d'humour et d'autodérision. Le reste des acteurs, ces ''faire-valoir'' sans saveur, ont été évacués pour faire place à la mère et au fils. Julie, l'enseignante( Suzanne clément ), semble éprise de Hubert, elle lui témoigne attention et réconfort et lui offre même asile chez elle, risquant de perdre son emploi. Un petit rôle qui ne fait pas avancer grand chose. Le petit ami, Antonin(François Arnaud), plus beau que bon et son incrédible mère Patricia ( Hélène Rimbaud) , cette libertine débauchée, aux moeurs irréalistes, complètent un tableau d'acteurs satellites, plus accessoires au scénario que partie prenante.


Xavier Dolan, né Dolan-Tadros en 1989 à Montréal, est le fils de Manuel Tadros( Omerta), il débute sa carrière très jeune, dans des publicités pour les pharmacies Jean-Coutu, tout d'abord, puis à la télévision et au cinéma. Il a notamment joué dans ''Martyrs'' de Pascal Laugier en 2007 ou dix ans avant dans ''J'en Suis'' de Claude Fournier. ''J'ai tué ma mère'' est son premier long-métrage et a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs lors du Festival de Cannes 2009. Il y gagne trois prix : le prix Art et Essai, le prix de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques( pour le scénario) et le prix Regards jeunes pour les longs métrages. Xavier a écrit le scénario de ''J'ai tué ma mère'' à 17 ans. Il a investi toutes ses économies dans la structure financière du film et recruté lui-même les comédiens. Je lui souhaite bien du succès dans le futur, car il semble très prometteur!

Cinéma Critique trouve que c'est un Bon film sans plus: 7/10


3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai tué ma mère : voilà un film vraiment exelent! Désolé pour le peut de commentaire que je te laisse sur ton blog : mais moi les films d'actu je suis juste dans les journaux ciné! Je vais quelques fois au cinéma, mais je regardes le films surtout en DVD.... bon allez à très bientôt!!! Al Capitaine.

vincent a dit…

Al ne tant fait pas pour les commentaires, personnellement j'ai à peine le temps de faire rouler ce blog, je travail à temps plein et je viens une fois par semaine dessus. Je te fais peu de commentaires moi non plus car j'ai presque pas le temps de voir tout les films que tu regardes ou bien ils sont indisponibles! ne te fait pas de soucis pour ça:) vincent

Jérémy a dit…

Beau film, qui tient sans cesse sur un fil entre la comédie et le drame sentimental. J'avais beaucoup aimé.
Malheureusement, j'ai râté le dernier film de Nolan au cinéma... qui avait l'air prometteur aussi :) .